Je ne saurai jamais à qui mes recherches généalogiques font le plus de bien : à mes clients ou à moi.
À chaque étape, à chaque génération, je me plonge un peu plus dans un passé figé à jamais. Je découvre respectueusement les noms et les dates qui ont compté dans leurs vies. Mais un arbre, généalogique ou non, n’est pas qu’un assemblage de racines et de branches inertes. Depuis la plus petite radicelle s’est répandu un fluide vital qui s’est mélangé à d’autres pour aboutir enfin à cet être complexe que nous sommes tous. Et à notre tour, peut-être, ajouterons-nous quelques gouttes à ce fluide que nous transmettrons aux suivants. Cet héritage est une bénédiction et une responsabilité ; nous ne pouvons pas le négliger.
Mon vrai travail, celui qui me procure le plus de joie : trouver, derrière ces noms et ces dates, des personnages, des êtres humains parés de toutes leurs qualités et défauts. Je dois exposer les faits, les mettre en perspective, les colorer si possible, les confronter à leur époque, sans les juger. Alors, seulement, j’ai l’impression d’avoir apporté quelque chose, et c’est moi qui en suis le plus heureux.
Après une carrière dans l’enseignement des langues, j’ai enfin pu réaliser mon rêve de m’adonner pleinement à la recherche généalogique et historique. Les demandes ont progressivement afflué de tous les coins du monde : des Américains, des Australiens, des Néo-Zélandais, des Russes, mais aussi des Belges, des Français, des Italiens et des Britanniques. Autant de familles expatriées depuis deux ou trois générations et souhaitant découvrir leurs ascendants belges.
J’ai pu collaborer avec la chaîne américaine CNN dans l’optique de retrouver les ancêtres liégeois d’une de leurs journalistes vedettes. Et les réactions sont toujours les mêmes : l’émotion de découvrir leurs lieux de vie, de mettre leurs pas dans les leurs, l’infinie reconnaissance pour les choses qu’ils ont accomplies, l’étonnement et les larmes devant les difficultés surmontées.
Cette collaboration avec Héros modernes me ravit, car elle me permet de faire ce que j’aime le plus : transformer la poussière des vieux registres en portraits d’hommes et de femmes qui, humblement, patiemment, nous ont fait devenir ce que nous sommes.